Patrimoine et curiosités

L’église Paroissiale

Xe – XIe siècle – Place de l’Église

La tradition rapporte qu’à la fin du Xe siècle, l’église est connue sous le vocable de Sainte Anne et aurait eu pour premier patron Pons. C’est la renommée de Mayeul et son culte rendu à Souvigny qui ont conduit les paroissiens à changer de protecteur et lui dédier l’église.

Dépendant de l’importante abbaye bénédictine de Menat, diocèse de Clermont-Ferrand, l’église est érigée sur un plan roman. Différents agrandissements et remaniements viennent modifier l’aspect initial. Pour répondre aux besoins d’une communauté qui s’accroît, une sacristie est construite au XVIIIe siècle. Devenue propriété de la commune en 1810, l’église va connaître deux campagnes de travaux, menées sous les directives de l’architecte Bonneton, en 1842, puis en 1845-1846. Il place une travée supplémentaire à l’ouest de la nef et adosse deux chapelles latérales sur les murs gouttereaux nord et sud, formant une illusion de transept. L’architecte prend alors bien soin de respecter le style roman primitif. En 1851, le clocher octogonal est remplacé par un autre, de plan carré.

Aujourd’hui, l’église présente des fissures, tant extérieures qu’intérieures, dues aux extensions, et aux effets conjugués de la sècheresse et des tempêtes. Une campagne de restauration serait la bienvenue pour assurer la pérennité de l’édifice. D’ici là, elle compte parmi les rares églises à être ouverte en journée, grâce à la bienveillance d’une habitante, qui se charge de l’ouvrir et la fermer chaque jour. C’est ainsi que vous pourrez décourvrir :

  • un cordon de billettes ou plutôt de petits enroulements datant du Moyen Âge. Il ceint le mur extérieur du chevet et forme un arc en plein cintre au-dessus des trois fenêtres. Ce type de décor se rencontre rarement.
  • un vitrail représentant Saint Pierre, par le maître verrier Champrobert. Il s’agit du disciple de Jésus qui opère de multiples conversions et de nombreux miracles. Il remplit par la suite un rôle essentiel dans la fondation de l’Eglise. Sa tonsure rappelle qu’il est le premier prêtre. Il détient les clés du royaume des cieux et un livre, qui le présente comme le symbole de la Nouvelle Alliance, face à Moïse, incarnation de l’Ancienne Alliance.
  • un vitrail représentant Saint Joseph et l’Enfant Jésus, par le maître verrier Champrobert. Il s’agit de l’époux de Marie, qui n’apparaît au Moyen Âge que dans les scènes de la sainte Famille. Son culte s’accroît au XVIe siècle sous l’influence de sainte Thérèse d’Avila et des jésuites. Un nouveau type de représentation apparaît alors, le figurant seul avec l’Enfant Jésus. La présence de celui-ci confère au lis qu’il tient dans la main gauche valeur de chasteté.?
  • une statuette en bois représentant Saint Mayeul. La tradition raconte que l’abbé Mayeul, en inspection dans la région, aurait rendu visite à la communauté chrétienne de Saint-Pont. Il y contracte une maladie qui s’accompagne d’une fièvre importante. Transporté à Souvigny, il décède le 11 mai 994. De nombreux miracles seraient alors constatés dans la région, attirant en masse les pèlerins autour de son tombeau. Sa seule visite aurait donné son nom à l’église.
  • un vitrail représentant Saint Jacques Le Majeur, par les maîtres verriers Hanser et Thomas Vitrail. Il fut réalisé par l’atelier de Francis Chigot à la mémoire de Jacques Valarcher, curé de Saint-Pont, mort martyr de la foi sur les pontons de l’île d’Aix le 10 juillet 1794. Jacques, apôtre de Jésus et évangélisateur de l’Espagne, est le patron des pèlerins et des chevaliers. Son culte diminue à mesure que le goût pour les pèlerinages s’amenuise.

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Le château de Saint-Pont

XVIIe – XVIIIe siècles –  9 route de Broût-Vernet.

Saint-Pont est un ancien fief noble d’Auvergne, qui comportait une demeure fortifiée dont subsistent les caves. A quelques dizaines de mètres de l’actuel château, on a aussi retrouvé les bases d’une tour. Construit par la famille Le Groing dans les années 1660, il est habité par la suite, par la famille Begon de la Rouzière. Guillaume-Louis de la Rouzière est fait seigneur de Saint-Pont en 1696, alors que sa famille habite le château depuis plus de vingt ans. Avec la Révolution française, il sera le dernier seigneur de Saint-Pont. Au XIXe siècle, il devient la propriété de la famille Tixier. Après l’incendie de 1882, il fait l’objet d’une succession de travaux. Il compte plusieurs cheminées des époques Louis XV et Louis XVI, en bois, pierre et marbre. En 1964, M. et Mme Didier Manhès d’Angeny achètent le château aux héritiers Tixier, et s’attachent à lui redonner son charme d’antan, avec sa façade harmonieuse. A l’intérieur, la décoration soignée porte les marques évidentes du XVIIIe siècle : lambris moulurés, portes et huit cheminées sculptées dont une en bois peint. La visite du parc conduit au château aux toits à l’impériale et façades de briques rouges, construit sur les terrasses d’où l’on a une très belle vue sur la Limagne et la chaîne des puys. La cour du château est délimitée par deux pigeonniers carrés. Le parc comprend d’importants communs.

Eléments inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques par arrêtés du 7 septembre 1969 et du 26 novembre 1990 : les façades et les toitures du château, les deux pigeonniers, les éléments intérieurs : au rez-de-chaussée, l’escalier, le vestibule avec son trumeau peint, le grand salon avec ses boiseries, ses trois trumeaux peints et sa cheminée en marbre, le petit salon avec sa cheminée Louis XV et son trumeau, la salle à manger avec sa cheminée en bois et son buffet, et au 1er étage, les quatre cheminées.

Visite durant les deux mois d’été, de 9h à 12h et de 15h à 18h, et toute l’année pour les groupes d’associations culturelles, sur RDV. Ouverture au public de 15h à 18h pour les Journées Européennes du Patrimoine.

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Le château de La Lécholle

Le bâtiment des communs abrite les écuries, le pigeonnier et le logement des domestiques. D’apparence très homogène grâce à la symétrie et à l’équilibre perceptibles en façade, il est construit au XVIIIe siècle, en même temps que le château. Un incendie, qui épargne les communs, détruit partiellement le château vers 1932-1933, la partie gauche est alors profondément remaniée.

L’élevage de pigeons voyageurs offrait l’avantage d’une communication rapide. Ils permettent par exemple aux armées de donner et de recevoir des informations sur le déroulement des combats. Les pigeonniers sont alors le signe de l’importance du seigneur. Il manque un étage à celui-ci, probablement couvert à l’origine d’un toit en poivrière.
Fermé au public.

Le château de Bellevue

XIIe – XIXe siècle

Bien que remanié et restauré au fil du temps, le château présente des restes de voûtes au sous-sol, un encadrement de porte du XIIe siècle dans le fournil voisin, côté est, un autre encadrement de porte et celui d’une petite fenêtre du XVIe siècle dans l’une des tours. D’anciens colombiers se dressent encore aux angles de la cour d’honneur. La décoration intérieure est pour sa plus grande part du XVIIIe siècle.
Fermé au public.

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Le patrimoine rural

  • Les croix
  • Un puits-couvert, datant du XIXe siècle. Les habitants avaient multipliés les forages d’eau car la commune possède peu de ruisseaux. Ce puits, dont le mécanisme est protégé par un petit édicule, possède une margelle débordante qui permet de poser le seau.
  • Une grange, au n°3 route d’Espinasse-Vozelle. Elle est séparée du bâtiment principal et possède une toiture à deux versants. L’entrée forme un arc sur-baissé, ce qui est rare dans la région et est protégée par un auvent. Dans ce type d’étable, les ouvertures sont limitées au maximum : la porte d’entrée et une ou deux petites fenêtres assurent la ventilation de l’ensemble du bâtiment.
  • Une autre grange, aux “Alliats”. Elle est jumelée à une petite écurie qui est de taille suffisante pour abriter le cheval ou les quelques chevaux de l’exploitation. La porte monumentale, est étudiée pour permettre le passage des chars à foin, souvent très volumineux. L’auvent créé dans la toiture protège l’entrée des intempéries.

Le cimetière

Comme le voulait l’usage ou plutôt le rite, le cimetière se trouvait initialement aux alentours de l’église. En raison de son exigüité, il a d’abord été prévu son agrandissement en 1866 mais le projet a été refusé par les autorités qui ont demandé sa « translation ». La translation d’un cimetière signifie que le cimetière existant est désaffecté (fermé) et transféré dans un autre lieu plus adapté. En juin 1869, il est demandé aux propriétaires d’ôter les pierres tumulaires ou d’acheter une concession dans un délai d’un mois. Il faudra attendre 1874 pour que soit votée la suppression du cimetière autour de l’église. Il sera déplacé au pied du village, aux portes de la Limagne, où il se trouve encore. C’est lors du conseil municipal du 30 novembre 1918 qu’a été décidé de voter un crédit pour ériger le Monument aux morts, cette colonne funéraire qui se trouve au centre du cimetière, en souvenir des morts de la Grande Guerre. Sa réalisation a été confiée à deux artisans, Mm Dépalle et Boussange. Son inauguration a eu lieu en 1921 en présence des anciens combattants et sous la présidence du Maire M. Chassing. L’année suivante, le conseil municipal décidait de l’entourer d’une grille de fer.

Les fêtes traditionnelles

La fête patronale de Saint-Pont était le 11 mai (ou le dimanche qui le suivait) en l’honneur de Saint Mayeul, patron de la paroisse. En effet, ce dernier est mort à Souvigny le 11 mai 994 et inhumé dans son église où il jouit d’un culte. A Saint-Pont, après la messe, les conscrits défilaient en procession dans le bourg, en portant la statue de Saint Mayeul. Peu à peu, le caractère religieux de la fête s’estompe. Reste la dimension festive avec une fête foraine, un bal, des réunions familiales autour d’un bon repas. La spécialité gastronomique immanquable de l’époque, c’était les escargots ! Proliférant sur les alentours du Chalon et grâce à la dextérité de certains habitants pour les préparer, les gastéropodes étaient notamment servis au restaurant Janvier, situé à l’angle de la place de l’église.

Le 25 mai était également jour de fête à Saint-Pont, en raison de Saint Urbain, patron des vignerons.  Aujourd’hui, il existe encore une bannière de Saint Urbain dans la sacristie. Devenue purement laïque au milieu du XXe siècle, la cérémonie consistait alors surtout pour les saint-pontois, à se réunir avec les vignerons de Vendat. Là, à la limite des deux communes, se déroulaient de joyeuses beuveries!

 

Les personnalités

Alain Borne

Né le 12 janvier 1915 au château de Saint-Pont d’où sa mère était originaire, Alain Borne était un poète. Après la guerre, il part à Privat, le pays de son père, et devient avocat à Montélimar. Publié dès 1922, il a écrit plusieurs recueils de poèmes en 1944 Terres de l’été, en 1954 en une seule injure, en 1969 Encres, en 1971 Indociles.  Il meurt le 21 décembre 1962 dans un accident de la route.

De Saint-Pont, il a écrit :
Je suis né en ce doux pays qui est beau commune une ballade ancienne,
Qui n’est monotone non plus qu’une ballade,
Où les mêmes beaux éléments reparaissent un peu changés
Jusqu’à l’ennui final
Ce pays de haies, de prairies de coteaux à peine inclinés,
De calmes cours d’eau et de peupliers…
Mon Bourbonnais bien aimé.

L’abbé Georges Malvielle

Né en 1886 et décédé en 1958, ancien combattant de la Grande Guerre, l’abbé Malvielle avait été nommé curé de Vendat et administrateur de la paroisse de Saint-Pont en juillet 1937. L’année suivante, il commence un précieux travail de mémoire, en notant et rassemblant tous les faits intéressants de la vie de la paroisse. Pendant plusieurs décennies, il s’est ainsi livré au dépouillement de documents pour le compte des Archives de l’Allier. Il a rédigé des monographies très riches et minutieuses, intégrant des éléments de géographie, d’histoire, des éléments naturels, des traditions populaires, de l’art, des légendes, de la vie sociale, scolaire ou économique…
Tous ces travaux constitue un véritable état des lieux des communes du canton d’Escurolles au lendemain de la Seconde Guerre.

Ils ont fait l’objet de quelques publications mais on peut regretter de ne pas disposer d’une publication complète. Reste que son œuvre offre un précieux témoignage de la vie et l’histoire de notre village.

En 1946, l’abbé Malvielle observe dans sa monographie communale dédiée à Saint-Pont :
« Le rebord du plateau, les côtes descendant vers la plaine et la vallée du Chalon sont fertiles comme la limagne elle-même : céréales, betteraves et pommes de terre y poussent à merveille ; les noyers, en voie de disparition, étaient les seuls arbres fruitiers qui s’accommodaient le mieux à ces terrains ; les rives du Chalon conviennent surtout aux peupliers. Sur le plateau, une assez grande étendue de terre est peu fertile, malgré quelques amendements : le cadastre signale de nombreuses « chaumes », comme la Chaume Bénite, la Chaume des Morelles, du Tetou, etc. qui servaient autrefois au pacage de nombreux troupeaux de moutons. Le sol du plateau et de certaines côtes est favorable à la culture de la vigne qui occupait jadis une grande étendue (200 hectares en 1840) et produisait des vins d’une certaine renommée : les dernières statistiques ne donnent plus qu’une trentaine d’hectares de vignes. Très peu d’arbres fruitiers. La forêt borde la commune du côté de Vendat, mais devait jadis en couvrir une bonne partie (en 1840, il n’y en avait déjà plus que 25 hectares) »

Remerciements : De nombreuses infirmations sont tirées du fascicule « A la découverte historique de Saint-Pont » paru en 2002, par l’association AZI La Garance, avec la collaboration de Anny de Montmarin, Hervé Camus Philippe Carré et Alain Malglaive.